Depuis des années, les prix immobiliers sont en constante hausse : ceux des appartements et studios ont augmenté d’environ 35% entre 2005 et 2013. Il n’est guère surprenant que pour beaucoup de jeunes, le coût du logement puisse largement dépasser la moitié du salaire mensuel. Selon une enquête de 2012, plus de 80% des ménages au Luxembourg se sentent concernés par les charges élevées (Statec/Eurostat 2012). Un droit fondamental – celui d’avoir un toit sur la tête – semble ainsi devenir de plus en plus un luxe. Les groupes les plus touchés sont évidemment ceux qui disposent des plus faibles moyens financiers, dont les familles monoparentales, les jeunes ou les retraités. Selon certains sondages récents, la majorité des citoyens considère les prix des biens immobiliers comme le plus grand problème du pays.

Selon les projections de base du STATEC, il faudrait créer 129.000 nouveaux logements à l’horizon de 2030, soit annuellement 6.500 nouveaux logements. Or, cela pose un défi majeur qui ne pourra être résolu que par des mesures administratives adéquates et spécifiques pour les différentes catégories de revenu en mettant l’accent sur les personnes les plus défavorisées. Avec 2% de logements sociaux le Luxembourg compte parmi les pays avec le taux le plus bas dans l’UE.  Les Pays-Bas possèdent une proportion très élevée de logements sociaux (34 %), suivis par le Royaume-Uni (21 %) et la France (20 %). Selon une étude néerlandaise, un taux élevé de logements sociaux peut conduire à diminuer les prix immobiliers sur le marché.

Au Luxembourg, un tiers des locataires vit sous le seuil de pauvreté, en particulier les étudiants, les familles monoparentales, les ouvriers et les chômeurs. En plus des prix exagérés, ces groupes subissent aussi des pratiques discriminatoires de la part des propriétaires. Souvent, ces derniers exigent des locataires avec un emploi stable et un salaire élevé – le choix en faveur d’un client avec un portefeuille bien rempli au détriment d’un intéressé plus pauvre est vite fait. S’y ajoute que les locataires doivent verser une garantie s’élevant à trois mensualités ou plus. Un jeune débutant qui commence sa carrière professionnelle n’arrive pas à remplir ces conditions. Le même vaut pour les étudiants qui souffrent de la pénurie de logements pour étudiants. Les prix élevés sur le marché rendent les études plus difficiles, voire impossibles au Luxembourg. L’introduction de la bourse de mobilité par la loi sur l’aide financière de l’Etat pour les études supérieures de 2014 ignore si un étudiant résidant paye un loyer au Luxembourg, ce qui ne facilite certes pas la situation pour certains.

Financer son propre logement devient de plus en plus un rêve inaccessible pour les jeunes. Ils sont confrontés à de nombreuses barrières et difficultés afin d’obtenir un prêt logement. Les critères bancaires rigoureux rendent l’achat d’un appartement propre impossible. Les jeunes sont poussés à rester chez leurs parents malgré leur souhait d’autonomie et d’indépendance.

Dans le passé, le Gouvernement a entamé plusieurs projets de court et long terme, dont les résultats restent médiocres à ce stade. Les JSL saluent les projets de logements sociaux réalisés en collaboration avec le Ministère du Logement dans certaines communes. Nous accueillons favorablement les démarches réalisées en vue de l’adoption du projet de loi portant sur l’introduction d’une subvention de loyer.

Par contre, les JSL regrettent que malgré beaucoup des promesses, rien n’a été fait pour combattre la spéculation immobilière. Le marché immobilier est complétement dérégulé et est un des facteurs de l’augmentation des prix. La spéculation immobilière doit être combattue le plus vite possible par la réglementation et l’encadrement du marché immobilier.

Nous pensons également que la réforme fiscale se présente comme une excellente occasion et un levier d’action pouvant faciliter le chemin vers un logement abordable.

Les propositions des JSL pour un accès plus facile à un logement abordable:

  1. Insérer une disposition dans la constitution concernant le droit à un logement abordable et approprié.
  2. Réglementer le marché immobilier et combattre la spéculation.
  3. Augmenter les capacités de logements sociaux et logements pour les jeunes.
  4. Augmenter les capacités de logements étudiants.
  5. Soutenir la location par subvention des personnes en fonction de leur statut familial, de leur revenu mais aussi en fonction du loyer à payer.
  6. Inciter la location pour les personnes physiques par bonification d’impôt en fonction de leurs revenus.
  7. Faciliter l’octroi du financement de logements pour les jeunes (p.ex. instaurer un nouveau modèle de garanties étatiques en collaboration avec une institution financière étatique ou privé).
  8. Favoriser la colocation par réglementation.
  9. Imposition des immeubles vides au même taux que si le même immeuble aurait perçu un revenu de location.
  10. Augmenter le Fonds Communal de Dotation Financière pour les communes qui favorisent la construction des logements à des prix abordables pour les jeunes et les familles à faibles revenus.
  11. Inciter les promoteurs par les mesures fiscales à construire et à louer des logements pour les personnes les plus défavorisées.
  12. Faciliter l’octroi d’autorisations à bâtir et autoriser des constructions en hauteur.
  13. Réduire la garantie locative de trois mois de loyer à un mois.
  14. Faire en sorte que la commission de l’agent immobilier soit à la charge du propriétaire.
  15. Renforcer le rôle de l’Agence immobilière sociale.
  16. Instaurer et favoriser la location et construction de logements via le modèle coopératif.
  17. Faciliter les barrières administratives entre les communes et l’Etat.
  18. Créer une plateforme informatique « logement ». Echanger les best-practices.

 

Summerakademie 2015

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